Stalag VII A: Témoignages |
Maurice Pêtre |
Les cuisines du StalagMon père Maurice Pêtre (né le 12 mars 1908 à Paris) lors de sa captivité était adjudant-chef au 164e RIF. Il a été fait prisonnier le 4/07/1940 et libéré par les Américains le 29/04/1945. En garnison au 11e Tirailleurs Algériens à Bougie en Algérie où il faisait carrière, il a été affecté au 162e RIF à Metz le 15/05/1938 puis au 164e RIF ouvrage de Welches le 1/9/1939. Cet ouvrage faisait partie du secteur fortifié de Boulay à l'Est de Thionville et se situait exactement sur les Monts des Welches entre les villages de Kemplich et Dalstein (D918). Mon père a passé toute sa captivité dans le Stalag VII.A. Il n'a jamais été très bavard sur sa captivité. Il a été profondément marqué et garda jusqu'à sa disparition tout cela caché au fond de lui. Il était marié et avait trois enfants lorsqu'il fut fait prisonnier, dont un qu'il ne connaîtra qu'à sa libération, ma mère étant enceinte de son troisième enfant lorsqu'il fut fait prisonnier. Il racontait parfois des petites anecdotes mais sans trop insister. De notre côté, je pense que nous avons préservé, à tort certainement, ses silences. Pour ma part je m'en suis terriblement voulu de n'avoir pas su l'emmener à nous raconter cette période. Ma carrière professionnelle m'a éloignée de France pendant plus de vingt-cinq ans et je n'ai jamais vraiment eu le temps de m'investir la dedans. Quand cela fut possible, lors de ma retraite, et bien qu'il ait gardé toutes ses facultés mentales jusqu'au bout, il se fixait que sur certains faits que nous connaissions par cœur. Très tard j'ai entrepris de raconter la vie de mes familles dans un ouvrage destiné à mes enfants et je me suis aperçu qu'un chapitre manquerait à tout cela, du moins en partie. Il faut reconnaître aussi qu'il y avait tellement de prisonniers de guerre, qu'à la fin les gens de leur entourage se lassaient de ces récits car beaucoup avaient connu aussi la guerre sous d'autres formes, bombardements, exodes, privations etc. C'était le cas de ma famille. Je sais aussi qu'il fut affecté un temps dans un commando en campagne. Mais il demanda à réintégrer le camp à un certain moment. Il fut aussi affecté aux cuisines d'où ces dessins qu'il a laissés dans ses affaires et que nous avons précieusement récupérés le jour de son décès le 20/4/2003, il avait 95 ans. Son grade d'adjudant-chef lui conféra quelques responsabilités dans sa chambrée, et cela ne le rapprochait pas trop des hommes. Il continua à collectionner des timbres aussi et préservait son trésor dans une cache sous le plancher de la baraque. Il s'était fabriqué un jeu de dames et de cartes aussi. Les temps libres ne devaient pas être faciles à meubler pour tous ces hommes. Il nous a parlé aussi d'un théâtre amateur dans le camp et dans lequel il participa. Il était sportif aussi et continua, dans la mesure du possible, d'entretenir sa forme. Pas évident avec le régime alimentaire dans les camps. Beaucoup de ces hommes seront victimes de dépressions nerveuses bien après leur retour. Ce fut le cas de mon père près de quinze années après son retour, il avait pourtant bien réussi sa reconversion dans le civil. En définitive il ne retrouva jamais un réel équilibre psychique du fait de cette captivité. Roland Pêtre Source:
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Actualisé le 19.12.2008 par le © Team Moosburg Online - All rights reserved! |