Roger Devaux |
Roger Devaux avait rencontré mon grand-père, André Lefebvre, au Kommando 1627. Ils sont restés, après guerre, les meilleurs amis du monde. Roger était le parrain de ma mère, et pour moi, un troisième grand-père! Roger m'a donné la passion de la minéralogie : nous sommes allés à plusieurs reprises dans les Carrières de Solnhofen (calcaire lithographique) mais aussi et surtout à Ergoldsbach chez les enfants des fermiers chez qui Roger et André était prisonnier. Des liens d'amitiés très forts sont finalement nés de cette période, et perdurent aujourd'hui.
Voici un dialogue (un peu romancé certes...) entre Roger et ma fille (10 ans à l'époque) qui a "déclenché" l'écriture du livre :
- Dis Roger, raconte-nous quand tu étais à la guerre!
- La guerre... humm... est-ce si important de raconter...
- Mais si, Roger, on veut savoir comment tu as rencontré notre grand-père! Aller, raconte!
- Il y aurait beaucoup à raconter ; ça a duré 5 ans... 5 ans... c'est long...
- Ben tu vois que tu as des choses à nous raconter ; d'ailleurs, tu as du temps maintenant, tu pourrais les écrire, tes histoires de la guerre ; aller, raconte nous ta guefangue!
- Ecrire ? mais je ne sais pas écrire!
- Ben essaye ! on verra bien. Parle de nous de tes copains de captivité, de Jean, de Georges, d'André... d'ailleurs, vous étiez combien au Kommando?
- Treize. Treize qu'on était...
"Treize qu’ils étaient, dans ce camion qui était parti du Stalag VII A et qui les ballottait dans tous les sens. Hébétés par les événements de ces dernières semaines, affamés par la maigre nourriture de l’enfermement du camp de Neuf-Brisach ou ils étaient entassés, affaiblis par une dysenterie pernicieuse, au cœur l’angoisse de l’avenir, ils s’attendaient au pire, dans ce camion, bringuebalant."
Roger Devaux a 23 ans quand la guerre l'éloigne de son Argenteuil natal et de Jeannette. Il passera 5 ans en captivité, au service des paysans Bavarois. En 2002, pour satisfaire la curiosité familiale, il raconte sa captivité, sa "Guefangue". Il en sort un journal au style enlevé et vivant où transparaissent les moments de joie et de peur, les actes de bravoure et la petite résistance à l'ennemi, la haine et la camaraderie, les angoisses et le temps qui passe lentement. A 86 ans, c'est véritablement pour Roger une nouvelle libération. (Stephane Leveau)
Juin 1942
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Ergoldsbach 1941
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Menu 1941
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Roger Devaux 2003
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Treize Qu'ils Etaient
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Source:
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